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Une enquête sous forme de road-trip par des vieux beatniks dans l’Ouest américain

Par Ellettres @Ellettres

enquête sous forme road-trip vieux beatniks dans l’Ouest américain

Et si on embarquait à bord d'un camping-car tout terrain pour sillonner les routes de l'Ouest américain ? À bord, le pilote se nomme Mrs Céline Watkins, électron libre de l'aristocratie WASP, détective privée et artiste, 68 ans. À ses côtés, son très taiseux de mari, pur produit d'une éducation à la Henry David Thoreau dans le Maine, Pete surnommé " Pa ", " l'Américain bien tranquille ". Pourquoi pas.

La raison qui les amène à quitter leur loft situé sous le pont de Brooklyn en cet automne 2002 pour s'élancer dans les immensités sauvages du Wyoming et du Montana s'appelle Gabriela. Celle-ci contacte Céline pour l'aider à retrouver son père, un célèbre photographe disparu à proximité du parc de Yellowstone vingt ans auparavant. À l'époque l'enquête avait conclu à une attaque mortelle de grizzli mais Gabriela a des raisons d'en douter...

Le voyage littéraire s'est révélé agréable, tant par la beauté des paysages traversés que l'auteur nous invite à contempler et humer, que par le caractère plein d'humour de nos deux enquêteurs. Comme le titre l'indique, Céline est le personnage principal. Personnage pluriel, des pans nous sont progressivement dévoilés sur sa jeunesse tourmentée. L'enquête pourrait tout aussi bien ne porter que sur elle, car des mystères planent sur elle et sa famille, ce qui questionne beaucoup son fils unique, Hank.

" Elle ne se contentait pas de partir en vrille. Il y avait toujours une espèce de logique poétique dans tout ce à quoi rêvait ta mère. "

L'enquête n'est pas à proprement parler haletante, bien que le récit nous ménage quelques surprises, nous fasse rencontrer des personnages hauts en couleur et soit historiquement très cohérent. Autant j'ai aimé le road-trip ouest-américain et toute l'ambiance qui va avec, autant je n'ai pas trop adhéré à l'espèce d'aura des personnages principaux que l'auteur semble vouloir " vendre " au lecteur avec un peu trop d'insistance. En accentuant leurs côtés originaux, atypiques et exceptionnels, il les a en quelque sorte éloignés de l'identification que j'aurais pu avoir avec eux. Dommage, d'autant que le personnage de Céline est directement inspiré par sa propre mère. Mais le portrait tombe un peu à plat. Ça ne m'a néanmoins pas empêchée d'apprécier à sa juste valeur cette bouffée de nature-writing.

" Une sorte de tissu infini. Voilà à quoi [le ciel] faisait penser. La Voie lactée s'y déroulait comme l'idée folle d'un tisserand. Le calme planait sur tout. "

" Dieu avait peut-être créé le monde juste pour la dernière semaine de septembre. [...] Ils roulèrent le long de la Yellowstone River sous un soleil mobile qui déplaçait les ombres des nuages sur les crêtes et dans le canyon. La rivière coulait à bas débit, limpide sur les bancs de gravier, les saules étaient jaune-orange, les érables negundo de même que les peupliers de Virginie faisaient tomber leurs feuilles sur l'eau au moindre souffle d'air. "

" Céline " de Peter Heller, traduit de l'anglais par Céline Leroy (sic), Actes Sud, 2019, 336 p.


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